Retour sommaire Aimé Aimé Destéract Chapitre 4
Février 1849, Louis-Napoléon Bonaparte est président de la IIe République depuis deux mois. Après avoir été arrêté le lundi 26 juin 1848, Aimé va attendre jusqu'au 12 février 1849 l'ouverture de son procès. On
lui reproche : C'est dans deux journaux de l'époque "L'Estafette" et "La Gazette des Tribunaux" que nous trouvons une trace des débats lors de son procès. A travers les questions et réponses nous pouvons essayer de reconstituer les événements qu'a traversé Aimé. J'ai découpé en 4 pages le premier article du journal l’Estafette sur l’audience du lundi 12 février . Page 01 : Cette affaire une des plus grave parmi celles qui ont été déférés à la justice militaire ... Accusation et présentation des 7 accusés. Destéract (Joseph Aimé), âgé de 38 ans, entrepreneur de charpentes, capitaine de la garde nationale, 8e compagnie 3e bataillon 8e légion, demeurant au 94 rue Ménilmontant. Défenseur, Maître Desmarest. Page 02 : Destéract arrêté le lundi 26 juin rue de Ménilmontant, avec un fusil à percussion, son képi au bout de son sabre, demande le cesser le feu à la garde mobile. Il est accusé d’avoir fabriqué un drapeau portant l'inscription "République démocratique et sociale " et d’avoir distribué des cartouches aux gardes nationaux de sa compagnie, celle-ci ayant fait feu contre le 2e bataillon de la légion qui attaquait la barricade de la Bastille. Page 03 : Les accusés Verry, Lefèvre, Gaudet, Clémencet et Courtade. Le détachement qui a été cherché des cartouches à la mairie, a tiré sur le 2e bataillon, à l’extrémité de la rue du Pas-de-la-Mule. (Donc le 2e bataillon de la 8e légion étaient avec l'armée pour attaquer les barricades place de la Bastille !). Page 04 : Courtade a été entraîné par Destéract à la mairie avec les insurgés et le drapeau insurrectionnel. Remarques
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Audience du mardi 13 févier 1849 |
Page
01 : Depuis 7 ans capitaine - Club
Popincourt - Compagnie de 1100 hommes - Réunion avenue Parmentier -
L'inscription sur le drapeau - Le colonel à la mairie - La
compagnie s'est débandée. Page 02 : Le 23, des coups de feu, qui ? quoi ? quand ? où ? comment ? pourquoi ? Une barricade rue Saint-Maur - Le 24, j’attendais les ordres - distribution de bons de pain - Le 26, des bons de salpêtre. Page 03 : Je n’ai jamais vu le capitaine Aymon - Maintenir l’ordre, empêcher le pillage -Accusé Clémencet. Page 04 : Accusé Verry - Le peloton s’est débandé à la hauteur de la rue S. Gilles. Trahison - Accusé Gaudet - La barricade était au n° 100. Page 05 : Accusé Destivart - Des insurgés avaient envahi les maisons et obligeaient les hommes valides à descendre aux barricades - Accusé Lefèvre - Demain plus de 80 témoins.
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Audience du mercredi 14 février |
Page 01 : Audience
des témoins Faillot et Pinard marchand de vin (on se croirait au
théâtre ce soir !). En bonus, lire en haut "le pavé du marin". Page 02 : Nous allons faire des barricades pour défendre la République. Page 03 : Les affaires de Destéract - On a cru que c'était sur nous que l'on tirait. Page 04 : La barricade de la rue Saint Ambroise n'a jamais été attaqué. Page 05 : La lettre de Destéract au général Cavaignac n'a jamais été envoyé - Le colonel Bourdon. Page 06 : Destéract a
été débordé. |
Audience du jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 février. |
Jeudi 15 : Aymond était au n° 41 - Recette pour faire de la
poudre - Lettre du dimanche matin. Vendredi 16 : Fabrication des canons pour la barricade du pont de Ménilmontant - Gardin, contremaitre fondeur, ces pièces n'auraient pas pu servir - Destéract et Lefèvre veillent au maintien de l'ordre. Samedi 17 : Destéract a continué à soutenir le débat avec un calme, une présence d'esprit, une loyauté qui paraissent produire sur l'auditoire et même sur le conseil, une profonde et favorable impression - Lundi plaidoiries de M. Desmarest. |
Le jeudi 22
février, les journaux La Réforme et Le National annoncent dans les
mêmes termes le verdict du procès. En lisant les comptes-rendus d'audience du journal L'Estafette, Destéract apparait plutôt comme un honnête citoyen qui a essayé de maintenir l'ordre dans son quartier et a négocié pour éviter l'effusion de sang. Les 3 ans d'emprisonnement apparaissent bien sévère. Il est intéressant de lire les articles de
La Gazette des Tribunaux, journal un peu plus neutre. Audience du 14 : Destéract reste avec les hommes armés pour mieux les contrôler. Nous rédigeâmes une lettre qui fut approuvée par les premiers groupes. Le quartier du faubourg du Temple est prêt à éviter l'effusion de sang. Audience du 16 : Madame Carion, marchande de nouveautés, rue Ménilmontant, prend la défense de Destéract. Relégué dans la rubrique chronique vous avez le verdict de l'affaire Destéract et en bonus des tristes nouvelles de Mme Huguet (page 7). Le journal La République (page
8) nous apprend qu'à la fin
de la délibération du jury, sur 7 voix, 3 avaient voté pour 5 ans
d'emprisonnement.
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Quelques avis sur la position difficile des
officiers de la garde nationale dans les quartiers populaires. Sylvie Aprile : la IIe République et le second empire A. Corbin et J.M. Mayeus : La Barricade |
Un peu de culture avec la description de
deux barricades. Victor Hugo : Les Misérables. |
Suite Aimé, la détention |