La deuxième République
1848 - 1852
Chapitre 1: La révolution de février 1848.
Un bref résumé n'est pas facile, il se passe tellement de choses. Pour plus d'info, voir la bibliographie.
En 1848,
Louis-Philippe
d'Orléans est âgé de 75 ans. Il avait été appelé sur le trône à la suite de la
révolution de juillet 1830 qui chassa Charles X en mettant ainsi un terme au
règne des Bourbons (Louis XVI, Louis XVIII, Charles X étaient frères).
Louis-Philippe règne depuis 18 ans. Le mot d'ordre de Guizot, premier ministre depuis 7 ans, a été : " Enrichissez-vous! " Mais à partir de 1847 la mécanique de la "France des notables" s'enraye. Crise économique, scandales financiers, corruptions, aggravation des conditions de travail, font qu'une timide opposition essaye de s'exprimer à l'occasion d'une campagne de banquet réformiste. Durant ces banquets payants, réservés aux électeurs, on mange, on parle, on demande une réforme électorale et parlementaire, à la fin du repas on porte un toast à la santé de Louis-Philippe (image 1). Mais peu à peu les discours de Lamartine, Louis Blanc et Ledru Rollin deviennent de plus en plus frondeurs. Un banquet prévu à Paris pour le 19 janvier, est interdit par le préfet de police. Après de houleux débats à l'Assemblée, liberté de réunion contre trouble de l'ordre public, la réunion est autorisée le mardi 22 février (en espérant ainsi moins de monde qu'un dimanche).
Le lundi 21 février, le comité du 12e arrondissement qui organise le banquet, publie un manifeste pour expliquer le déroulement de la cérémonie.
" ... Cette protestation publique devant réunir un grand nombre de citoyens, nous comptons sur les gardes nationaux qui fidèles à leur devise, Liberté, Ordre public, empêcheront par leur présence toute cause de collision, trouble et tumulte.... Départ 11h 30 place de la Madeleine, direction Concorde puis Champs-Elysées vers le lieu du banquet.... Les gardes nationaux formés en colonne, défileront suivant l'ordre de leur numéro ...."
Ce manifeste qui s'autorise à convoquer les gardes nationaux (en uniforme mais sans armes) inquiète beaucoup l'Assemblée et après de tardives discussions, finalement la manifestation du banquet est interdite. Vers minuit le comité du 12e annule le banquet.
Le mardi matin 22 février.
Une foule, informée trop tard de l'annulation, se retrouve près
de la Madeleine. Des étudiants défilent en chantant la Marseillaise et vont
devant le Palais Bourbon crier "Vive la réforme" .
L'après midi, constatant qu'il n'y a pas de banquet, le ton monte, on arrache
des grilles, pille des magasins d'armes et descelle des pavés pour former les
premières barricades. L'armée apparait, dégage la chaussée, fait tomber les
barricades qui se reforment derrière elle.
Le mercredi 23 février.
Il pleut. Dans les quartiers du centre les barricades se lèvent.
L'atmosphère est presque joyeuse. Les ouvriers discutent avec les soldats. On ne
sait pas quoi faire, la troupe n'a pas d'ordre. On attend. La garde
nationale est enfin appelée (sonnerie de tambour), mais sans ordre précis elle
se joint souvent aux émeutiers aux cris de "Vive la réforme ". Des fusillades
éclatent. Devant l'armurier Lepage, la garde nationale s'interpose entre les
insurgés et la garde municipale (les cipaux).
Au palais des Tuileries, le roi
accepte de remplacer Guizot par Molé. Dans la soirée la nouvelle du changement
de ministère se répand. C'est une première victoire, c'est la fête, les lampions
s'allument aux fenêtres. Vers 21h 30 un cortège défile sur les boulevards et se
dirige vers la Madeleine. Au niveau du ministère des Affaires étrangères,
boulevard des Capucines, résidence de Guizot, la foule fait face à la troupe.
Confusion , hésitation, un coup de feu part, panique, la troupe fait feu,
environ 16 morts, 30 blessés (image
2). On charge quelques victimes dans une charrette et on retraverse
Paris, vive la réforme est remplacé par " Vengeance, on assassine le peuple "
(image 3-4).
Durant la nuit le roi remplace Molé par Thiers, il accepte des réformes mais nomme
Bugeaud commandant en chef des troupes.
Jeudi 24 février.
A
la tête de l’armée, Bugeaud décide d’éviter l’affrontement.
La garde nationale
sous le commandement de Lamoricière devient le seul et douteux rempart contre
l’insurrection. L'émeute se transforme en révolution. Il y a de nombreux
combats, les insurgés attaquent le château d'eau dernier rempart avant les
Tuileries (image
5-6). A
11h le préfet de la Seine, Rambuteau abandonne l'Hôtel de Ville aux insurgés (image
7-8). Le
roi abdique et s'enfuit (image
9).
La foule victorieuse se trouve alors partagée en deux masses ; l’une va envahir le Palais Bourbon, l’autre les Tuileries que la famille royale vient d’abandonner.
La première va remporter la victoire politique la seconde un symbolique triomphe.
La foule a pillé les Tuileries (im.10), le Palais Royal, les propriétés des Orléans et l’hôtel des Rothschild à Suresnes, symbole de l’argent-roi. Le trône est transporté pour être brulé place de la Bastille (im.11-12). Mais il y a peu de violences contre les personnes et, différence spectaculaire avec 1830, l’Eglise et la religion sont respectées, parfois même fêtées comme des alliés (im. 13).
A l’Assemblée les députés discutent de l’établissement d’une régence (im. 14). Place Royale et place de la Bastille Victor Hugo (pair de France nommé par le roi) annonce " Le roi a abdiqué (Acclamations universelles), la duchesse d’Orléans est régente (Bravos isolés mêlés à de sourds murmures). "
Venant des Tuileries, la foule des insurgés, envahit le Palais-Bourbon (im. 15), se mêle aux parlementaires et leur impose, à l’instigation de Lamartine, un gouvernement provisoire, composé de républicains modérés :
Dupont de l’Eure, Arago, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Crémieux et Marie.
Lamartine entraîne ensuite ses collègues et la foule à l’Hôtel de Ville mais là, surprise, des révolutionnaires plus radicaux, ont eux aussi formé un gouvernement. Les négociations entre les deux pouvoirs issus de l’insurrection se prolongent tard dans la nuit du 24. La majorité modéré du gouvernement s'exprimera dans le journal " Le National " et la minorité radicale dans " La Réforme ". Un accord est enfin trouvé :
Le gouvernement provisoire s’engage à proclamer la République et désigne comme secrétaires les chefs de la tendance radicale, Louis Blanc, Marrast, Flocon et l’ouvrier Albert.
vendredi 25 février.
A 2 h du matin, le gouvernement provisoire proclame la
République. Durant cette journée, Paris est au pouvoir du peuple. La population
mobilisée maintient les barricades et garde les armes. Mais on ressent un
mélange d'exaltation et d'inquiétude. Comment ce changement soudain va-t-il
tourner ? Beaucoup crient vive la République démocratique, d'autres vive la
République démocratique et sociale. A l'Hôtel de Ville toute sorte de gens se
présente, discute, se bouscule. Une des
premières demande est de proposer au gouvernement provisoire de donner le
drapeau rouge comme emblème à la République (im.16). Après une longue lutte d’éloquence,
Lamartine épuisé, lance sa dernière trouvaille :
« …le drapeau rouge que vous
nous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars traîné dans le sang
du peuple en 91 et 93, alors que le drapeau tricolore a fait le tour du monde
avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ! » (im. 17).
A la différence de 1830, la révolution ne fait que commencer.