La Deuxième République
Chapitre 4 : De juillet 48 à décembre 52
Mort de Chateaubriand le 4 juillet.
Le général Cavaignac a les pleins pouvoirs jusqu'aux prochaines élections
présidentielles en décembre 48, il va pouvoir proposer toute une
série de mesures pour rassurer la réaction.
Les Ateliers nationaux sont officiellement
dissous. L'état de siège est maintenu.
Trois légions (8-9-12) sont dissoutes, une armée de 80 000 hommes
stationne dans Paris, les clubs sont fermés ou très surveillés, de nombreux
journaux sont suspendus, rétablissement d'une très forte caution pour la
parution d'un journal. Pour échapper aux poursuites, Louis Blanc et Caussidière
passent en Angleterre. La journée de travail passe de 10 h. à 12 h. Un passeport
est imposé aux ouvriers qui veulent changer de département.
Lors d'élections partielles le parti de l'ordre, (les royalistes légitimistes et orléanistes) remportent 15 sièges sur 17. Louis-Napoléon Bonaparte, élu dans 5 départements, fait son entrée à L'Assemblée.
L'état de siège est levé le 19 octobre.
Le 4 novembre l'Assemblée constituante donne enfin une constitution à la IIe République.(im. 1- 2 ). Le pouvoir exécutif est délégué à un président élu au suffrage universel pour une durée de 4 ans mais non rééligible. Le président ne peut dissoudre l'Assemblée législative.
10 et 11 décembre 1848
Louis-Napoléon Bonaparte est le premier président, élu au suffrage universel,
d'une République Française (im. 3-4).
Louis-Napoléon 74,4%
Cavaignac 19,6%
Ledru-Rollin 5%
Raspail
0,5%
Lamartine 0,3%
La France des paysans a massivement voté pour Louis-Napoléon, c'est à dire contre la République de février, contre les troubles, contre l'anarchie, contre la révolution parisienne et peut être contre la politique (im. 5).
Le 20 décembre Louis-Napoléon se présente à la tribune de l'Assemblée et jure en présence de Dieu et du peuple français, représenté par l'Assemblée nationale, de rester fidèle à la République démocratique, une et indivisible et de remplir tous les devoirs que lui impose la constitution (im. 6 ).
Le général Changarnier reçoit le triple commandement de la garde nationale de la Seine de la garde mobile et de la division militaire de Paris.
1849
19 février 1849
Aimé Destéract est condamné à 3 ans de prison. Tout les évènements qui vont suivre ne concernent plus directement Aimé puisqu'il subira sa peine jusqu'au 19 février 1852. Voir Aimé à Belle-Ile-en-mer.
7 mars - 2 avril
Suite aux évènements du 15 mai 1848, la Haute Cour, réunie à Bourges, condamne Barbès et Albert à la déportation, Blanqui à 10 ans de prison, Sobrier de 7, Raspail de 6 (im.7 ).
13 et 14 mai
L'Assemblée constituante ayant
terminée son rôle, les Français sont appelés à élire les 750 députés d'une Assemblée législative
unique. La "droite" regroupée au sein de l'Union
libérale, a pour mot d'ordre : " Ordre, propriété, religion " et " guerre
aux partageux et aux rouges ", elle obtient 53 % des suffrages.
En face, les démocrates socialistes (im.
8 ) dirigé par Ledru-Rollin en obtiennent 35 %.
La France apparait coupée en deux parties : l'une, au nord d'une ligne La
Rochelle Metz a voté pour le parti de l'ordre, l'autre, au sud, pour les
démocrates socialistes (démoc-soc). La IIe République se retrouve avec une
Assemblée sans majorité républicaine ! (im.9 ).
31 mai
Craignant toujours le péril rouge, le gouvernement réduit le nombre des électeurs de 9,6 à 6,8 millions, en adoptant une loi qui ne donne le droit de vote qu'aux personnes habitant depuis 3 ans au même domicile.
13 juin
La deuxième République n'a
toujours pas reconnu la République romaine proclamée le 9 février. Le 25 avril,
elle a volé au secours du Pape, le général Oudinot assiège Rome. Le 7 mai
l'Assemblée Constituante condamne l'intervention française à Rome. La
constitution de 48 interdisait toute entreprise contre l'action d'aucun peuple.
Le 13 juin, environ 6 000 manifestants défilent sur les boulevards vers la
Madeleine. Les troupes mobilisées par Changarnier chargent le cortège.
L'Assemblée vote l'état de siège. Ledru-Rollin et une vingtaine de députés se
réfugient dans les locaux des Arts et Métiers pour former un gouvernement
provisoire mais le bâtiment est encerclé, au premier coup de feu, tout le monde
se disperse, Ledru-Rollin parvient à s'échapper et fuit en Angleterre (im.
10).
L'échec de la manifestation entraine de nouvelles de répression qui achèvent de
désorganiser l'extrême gauche, 6 journaux sont supprimés.
14 juillet
Le général Oudinot proclame la fin de la République romaine et le rétablissement de Pie IX.
31 octobre
L.N. contraint son président du conseil Odilon Barrot et les autres ministres à démissionner et annonce la formation d'un gouvernement qui ne sera responsable que devant lui.
11 décembre
Les insurgés de juin 48 qui ne sont pas passés en conseil de guerre mais condamnés à la déportation et provisoirement détenus à Belle-Ile, se révoltent.
1850
février
On enlève des arbres de la liberté ! (im. 11 ).
10 mars
Elections législatives partielles pour remplacer les députés qui avaient suivi Ledru-Rollin le 13 juin 49. A la surprise générale, la gauche l'emporte.
15 mars
Adoption de la loi
Falloux. En favorisant le
développement d'un enseignement confessionnel, elle va accroître le fossé qui
sépare les deux écoles et les deux jeunesses.
30 juillet
Établissement d'une censure sur les gravures et les spectacles.
18 novembre
L.N. réaffirme son attachement à la légalité, tout en disant espérer que l'Assemblée entendra ses vœux en faveur de la révision constitutionnelle.
1851
9 janvier
Changarnier prenant trop souvent le parti de l'Assemblée, le président le remplace par le général Perrot.
11 avril
Les nombreux conflits entre le législatif et l'exécutif conduisent, pour la troisième fois depuis le début de l'année, à la formation d'un nouveau gouvernement.
1 juin
L.N. Bonaparte propose une révision de la
constitution concernant la rééligibilité du président et dénonce les obstacles
que l'Assemblée oppose à ses réformes.
14 - 19 juillet
Débat sur la révision. Victor Hugo s'y oppose : " Quoi ! Après Auguste, Augustule ! parce que nous avons eu Napoléon le Grand, il faut que nous ayons Napoléon le Petit ! "
26 octobre
Formation d'un nouveau gouvernement : les hommes surs et dévoués se mettent en place, Leroy de Saint-Arnaud au ministère de la guerre, Magnan à la tête des troupes de Paris, Thorigny à l'intérieur, Maupas préfet de police, ainsi que le duc de Morny demi-frère de L.N.
1 novembre
Dans une circulaire, Armand-Jacques-Achille Leroy de Saint-Arnaud rappelle aux militaires leur devoir d'obéissance passive.
13 novembre
Par le score serré de 355 voix contre 348, l'Assemblée refuse d'abroger la loi du 31 mai 1850 restreignant le suffrage universel.
Le coup d'état du 2 décembre 1851
De nombreux livres racontent ces évènements, donc
en bref :
A 2h. du matin la police arrête 16 députés et 62 militants opposants, 50 000
soldats se déploient dans Paris. Le Palais Bourbon et l'Imprimerie nationale
sont occupés. Par affiche, le président Louis-Napoléon Bonaparte annonce la
dissolution de l'Assemblée et du Conseil d'Etat (im.
12 ).
A 15h. la troupe investit la mairie du Xe où s'était réunis 218 députés pour
proclamer la déchéance du président qui ne respecte pas la constitution. Les
députés sont enfermés à la caserne du quai d'Orsay (im.
13).
Durant la nuit, un comité de résistance, formé de Hugo, Schoelcher, H. Carnot,
Favre, Flotte ... lance un appel à la résistance armée (im.
14 ).
Le 3 décembre quelques barricades apparaissent dans le faubourg Saint-Antoine et
dans les quartiers du centre mais elles sont déblayées par la troupe (im.
15). Un arrêté
stipule : Tout individu pris, construisant une barricade ou les armes à la main,
sera fusillé.
Le 4 décembre
Dans l'après midi sur les boulevards, l'armée est accueillie par des huées et des cris : " Vive la Constitution ! Vive l'Assemblée nationale !"Agacés, énervés, des soldats s'affolent, des coups de feu partent, entrainant une fusillade au niveau du boulevard Bonne-Nouvelle (im. 16 ). Il y a entre 300 et 400 morts dont beaucoup de badauds, environ 500 blessés, un millier d'arrestations (im.17 ).
Du 4 au 10 décembre
La nouvelle du coup d'état se répand progressivement en France et déclenche de nombreuses insurrections, surtout dans le sud, pour défendre la République (im. 18 ).
21 et 22 décembre
Plébiscite sur la question suivante : " Le peuple
français veut le maintien de l'autorité de Louis-Napoléon Bonaparte et lui
délègue les pouvoirs nécessaires pour établir une constitution... "
Seul les bulletins oui étaient imprimés, le non devait être écrit à la main et donné au président du bureau de vote.
31 décembre
Après la proclamation des résultats, le toujours président de la IIème République déclare : " La France a compris que je n'étais sorti de la légalité que pour rentrer dans le droit. "
1852
L.N. quitte l'Elysée pour habiter aux Tuileries.
6 janvier
Suppression de la devise : " Liberté, Egalité, Fraternité."
9 janvier
66 députés, dont Changarnier, sont expulsés de France pour cause de sûreté
générale.
11 janvier
Dissolution de la garde nationale sur tout le territoire (im.
19 ).
14 janvier
Promulgation de la nouvelle constitution de la IIe République. Il ya en effet
quelques changements !
Le pouvoir exécutif est confié pour dix ans à un président de la République élu
au suffrage universel direct, il nomme et révoque les ministres, il possède seul
l'initiative des lois. Les projets de loi sont discutés (?) par un Conseil
d'Etat dont les membres sont nommés et révoqués par le président. Création d'un
Sénat gardien de la Constitution. Bref, il
serait plus simple de dire dictature.
24 janvier
Rétablissement des titres de noblesse.
16 février
Comme sous le premier empire, la fête nationale est fixée le 15 août , jour de
la Saint-Napoléon.
17 février
Un décret limite la liberté de la presse.
19 février
Aimé Destéract quitte le pénitencier de Belle-Ile pour retrouver enfin le 114 rue de Ménilmontant Paris VIII. Voir Aimé, le retour.
27 mars
Levée de l'état de siège, instauré après le 2 décembre.
7 juillet
Une loi confie au chef de l'Etat le choix des maires et de leurs adjoints dans
les communes de plus de 3 000 habitants. Les conseillers municipaux restent
élus.
9 octobre
Discours de L.N. à Bordeaux : "Aujourd'hui la France m'entoure de ses sympathies
et semble vouloir revenir à l'Empire .... certains se disent, l'Empire c'est la
guerre, moi je dis : L'Empire c'est la paix. "
7 novembre
Le Sénat propose de rétablir la dignité impériale au bénéfice de Louis Napoléon
Bonaparte. La Constitution du 14 janvier précédent sera maintenue dans ses
autres dispositions. En effet la dernière Constitution de la IIe République est
tellement bien faite qu' il suffit de remplacer président de la République par
Empereur et le tour est joué.
21 - 22 novembre
Plébiscite sur le rétablissement de l'Empire : (im.
20 )
7 824 189 oui
253 145 non
65 126 nuls
Près de 2 000 000 d'abstentions.
2 décembre 1852
Louis-Napoléon Bonaparte est proclamé empereur sous le nom de Napoléon III.
Ainsi se termine la IIe République qui n'aura
duré que pendant 10 mois de gouvernement provisoire et 4 ans de présidence.